Voyage du Pape François en Albanie

Éléments de contexte sur ce « pays petit, pauvre, libéré de la répression politique et religieuse », choisi par le Pape François pour son premier voyage en Europe (Tirana, 21 septembre 2014).

Données générales 

Superficie de 28 700 km2 (trois départements français) ; population de 3,6 millions d’habitants (65 millions en France) ; capitale : Tirana (environ 1 million d’habitants pour l’agglomération) ; répartition ethnique : 95% d’Albanais, 3% de Grecs…

Les religions en Albanie

Islam. 70% des Albanais se reconnaissent musulmans. La plupart d’entre eux appartiennent à un groupe considéré par beaucoup de musulmans sur terre comme syncrétique : les Bektashis. Les Etats arabes, la Malaisie et l’Indonésie ont entrepris des efforts pour exporter leur islam en Albanie à coup de construction de mosquées et de programmes sociaux. Cela entraîne souvent un certain scepticisme dans la population.

Église orthodoxe 20% de la population, surtout dans le sud du pays, se reconnaissent membres de l’Église orthodoxe, sous la conduite de l’archevêque Anastasios Iannolaitis.

Église catholique-romaine. Elle regroupe environ 10% de la population. 2 archevêchés et 6 diocèses au total. Avec une présence plus marquée dans le nord du pays, en particulier à Shkodrë. Avec l’ouverture d’un séminaire interdiocésain, on peut penser qu’à l’avenir des prêtres d’Albanie prendront la relève des étrangers actuellement majoritaires.

Situation religieuse

On se souvient qu’à l’époque marxiste, l’Albanie se vantait d’être le premier Etat athée de la planète, plus « marxiste » sur ce point que l’URSS ou la Chine. Les églises étaient fermées ou rasées. Les prêtres interdits de ministère. Baptiser clandestinement un enfant menait en prison ou à la mort. Les martyrs albanais ne sont pas (encore) connus du grand public ni vénérés comme tels. A l’époque de la division de l’Europe en deux blocs, l’Albanie passait pour un pays quelque peu surréaliste et faisait l’objet de nombreux sarcasmes par son côté « Corée du nord ». Sur place, la situation était simplement tragique pour les croyants.

Situation actuelle de l’Église catholique

A cause de cette répression féroce de toute confession religieuse, il fallait tout reconstruire au moment de la sortie du communisme : les églises, les bâtiments, les structures ecclésiastiques, mais plus encore, les mentalités. Cela a commencé au début des années 90, par la construction d’églises, d’évêchés, d’un séminaire, de centres sociaux-pastoraux dans les villages et quartiers des villes.

La plupart des prêtres actifs dans le pays viennent de l’étranger : Kosovo (pays indépendant voisin, de 2 millions d’habitants, là aussi 10% de catholiques), Italie (qui dispose de deux diocèses de langue albanaise, suite à une émigration ancienne), États-Unis (prêtres albanais de la diaspora), etc. Cette pluralité des origines (et des formations et des mentalités) ne va pas sans certaines tensions à l’intérieur de l’Église catholique du pays.

Les religieuses manifestent le côté social, diaconial de l’Église, par leur animation de centres sociaux, de centres de soins, par leur engagement dans des institutions sociales. Elles sont nombreuses, étrangères et albanaises…

Perspectives d’avenir du pays

Le pays a choisi clairement son avenir : il sera au sein de l’Union Européenne. Avec ses voisins (Macédoine, Kosovo, Serbie, Montenegro, Bosnie-Herzégovine), l’Albanie fait partie de cette « enclave » de six pays des Balkans occidentaux qui rêvent de la prospérité et de la paix apportées par l’adhésion à l’Union Européenne. Le statut de candidat à l’adhésion a été reconnu au pays par l’Union Européenne… qui apporte aussi des moyens financiers et techniques pour relever le pays et lui permettre d’atteindre le niveau nécessaire à une adhésion. Le statut de candidat à l’adhésion à l’UE impose d’aller vers une économie de marché, de faire des progrès vers un État de droit, de réformer la justice et de lutter contre la corruption et la criminalité organisée, de réformer l’administration… La contrepartie de ces réformes imposées (mais les Albanais acceptent cette « imposition » nécessaire à leurs yeux) consiste dans une aide financière de l’UE qui permet de moderniser le pays (infrastructures, etc.)

L’Albanie est membre de l’OTAN, ce qui veut dire une gestion démocratique de ses forces armées en contrepartie d’une garantie de ses frontières par l’Alliance.

Aide par des organisations catholiques

La réforme de l’économie et de l’État est financée par l’Union Européenne. Les Églises d’Europe financent donc certains projets de la société civile et de l’Église catholique. Il faut signaler surtout la générosité de l’Église d’Italie voisine et qui, historiquement, a des liens avec l’Albanie. L’agence de solidarité internationale allemande Renovabis a également financé beaucoup de structures d’Église et de centres sociaux dans les villages, parce que l’État albanais désargenté n’est pas (encore) très actif dans le domaine d’un État providence.

En France, le CCFD-Terre Solidaire et le Secours Catholique financent certains projets. On citera en particulier des projets de lutte contre le trafic des êtres humains (prostitution).

P. Antoine Sondag
Directeur du Service national de la Mission Universelle de l’Église (SNMUE)

Asie-Pacifique
Amérique latine
Europe
Afrique
Moyen-Orient