Le Nigeria en quête de restauration

Le Nigeria est le premier pays d’origine des migrants qui ont traversé la Méditerranée entre janvier et juin 2017. Marqué par de vives tensions religieuses et par de nouvelles tensions politiques, c’est à un pays fragilisé que s’adresse la Conférence épiscopale, dans un communiqué où elle relève l’urgence de régler les conflits et de restaurer l’unité nationale, comme une responsabilité commune à tous les Nigérians.

Nigéria - Femmes revenant d'une distribution de nourriture faite par l'Église catholique Sainte Teresa

Femmes revenant d’une distribution de nourriture faite par l’Église catholique Sainte Teresa

Grand comme presque deux fois la France, pays le plus peuplé d’Afrique (plus de 187 millions d’habitants en 2016), et 7e pays le plus peuplé au monde, le Nigeria se situe en Afrique de l’Ouest, dans le golfe de Guinée.  Surnommé le « Géant d’Afrique », en raison de son importance démographique et économique, le Nigeria est une importante puissance économique sur le continent. Il demeure pourtant un pays pauvre, malgré l’importance de sa production de pétrole, en partie à cause d’une forte corruption, qui le fait généralement apparaitre en très bonne position dans le classement de Transparency International.

République fédérale, le Nigeria est gouverné depuis 2015 par le président musulman Muhammadu Buhari. Le christianisme et l’ islam sont les principales religions, chacune représentant à peu près 45% de la population. Les musulmans sont majoritairement présents dans le nord du pays tandis que le sud est à majorité chrétienne. La forte population du Nigeria en fait le 5e pays musulman au monde (environ 75 millions). Pour tenir compte de cette division numérique et tenter d’apaiser les tensions entre chrétiens et musulmans, la présidence alterne généralement, selon un accord non-écrit du parti dominant, entre ces deux confessions et donc entre les deux régions nord et sud.

Cependant les tensions restent très vives et depuis 2009 le pays est en proie aux exactions d’un groupe terroriste islamiste Boko Haram – littéralement « l’éducation occidentale est un péché » – qui ont entraîné un conflit avec les forces armées nigérianes et un conflit sous régional avec les pays voisins, Tchad, Cameroun et Niger. Boko Haram a largement et tristement occupé la scène médiatique en 2014, avec l’enlèvement des 223 lycéennes chrétiennes de Chibok et la campagne #bringbackourgirls. Mais les attentats-suicides, les massacres et les enlèvements avaient commencé bien avant, touchant le Nigeria et le Cameroun voisin, où vivent nombre de réfugiés nigérians. Le nombre de morts est estimé à 20 000 au Nigeria et celui des déplacés à plus de 2 millions. L’objectif de Boko Haram est d’instaurer un califat et de faire appliquer la charia dans le pays. Il a d’ailleurs prêté allégeance à Daech en 2015.

Dans ce contexte, l’Église est bien sûr une cible toute désignée, de même que les autres Églises chrétiennes. 25 millions de catholiques vivent au Nigeria, et beaucoup ont dû quitter les états du Nord, tandis que des quartiers chrétiens étaient pillés et leurs habitants tués ou enlevés, des églises incendiées, des prêtres tués.

Un autre foyer de tension et de déstabilisation est le Biafra, secoué de 1967 à 1970 par une guerre civile d’indépendance qui a fait plus d’un million de morts, surtout des Biafrais victimes de la famine. Depuis 2015, la situation est à nouveau tendue dans cette province du sud-est du pays, riche en réserves pétrolières. À l’origine de ce regain de tension, l’incarcération du leader de l’indépendance biafraise, Nnamdi Kanu, libéré il y a quelques mois, et dont le procès doit commencer en novembre 2017.

Du 7 au 15 septembre, la Conférence épiscopale du Nigeria s’est réunie en assemblée plénière, et a publié un communiqué interpellant le gouvernement à tous les niveaux de cet État fédéral, au sujet de la corruption, de l’impunité, de la discrimination tribale ou religieuse, et insistant sur la responsabilité commune de tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, dans la construction de la nation.

Annie Josse
Octobre 2017

Notre espérance dans la détresse :
Vers la restauration nationale

Communiqué final de la 2e Assemblée plénière de la Conférence des Évêques du Nigeria (CBCN) au Centre pastoral Saint-Charles Borromée, Jalingo, état de Taraba, du 7 au 15 septembre 2017

 1- PRÉAMBULE

Nous, évêques catholiques du Nigeria, avons tenu notre 2e Assemblée plénière de l’année au Centre pastoral Saint-Charles Borromée, Jalingo, état de Taraba, du 7 au 15 septembre 2017. Après avoir réfléchi dans la prière aux enjeux qui affectent l’Église et notre pays, nous publions ce communiqué.

2- L’URGENCE DU RÈGLEMENT DES CONFLITS

Notre pays connait actuellement une situation marquée par la tension, l’agitation, et un sentiment général de désespoir et d’insatisfaction. Nous croyons que c’est la conséquence de nombreuses années d’injustice, d’inégalité, de corruption et d’impunité. Il y a dans de nombreux secteurs du pays des revendications contre la partialité des nominations à des institutions-clé et à des charges nationales sensibles, contre la marginalisation et la distribution injuste des ressources et des infrastructures. Il y a aussi des allégations de cas d’application sélective de la loi.

Dans son discours d’investiture comme président civil du Nigeria le 29 mai 2015, le président Muhammadu Buhari a adressé un message d’espoir et d’engagement pour l’intégration nationale et la cohésion. Il déclarait : « Alors que je viens de prêter serment sur le Livre Saint, je veux remplir mes engagements et être le président de tous les Nigérians, j’appartiens à tous et je n’appartiens à personne. Certains ont exprimé en privé leurs craintes qu’en revenant aux affaires, je ne m’en prenne à eux. Ces craintes sont sans fondement. Il n’y aura pas de règlements de comptes anciens. »

Plus de deux ans après, la réalité sur le terrain et l’opinion de la majorité de la population – indépendamment de l’appartenance religieuse, du groupe ethnique ou du statut social – indiquent tout le contraire. L’incapacité du gouvernement à résoudre la situation d’inégalité dans le pays est un terreau fertile aux réactions violentes et à l’agitation, qui exploitent les revendications de diverses composantes du pays. Nous appelons le gouvernement à tous les niveaux à remédier d’urgence à ces anomalies, à mettre un terme à tout ce qui tient de l’injustice, et à donner à tous et partout dans le pays un sentiment d’appartenance. Nous insistons sur le fait que le mérité et la compétence devraient être le premier critère dans les nominations, et les besoins réels le critère pour la distribution des infrastructures. Nous appelons également le gouvernement à être toujours sensible à la configuration multi-religieuse et multi-ethnique du pays.

Comme évêques catholiques, nous affirmons que la légitimité de tout gouvernement repose sur sa capacité à entendre les aspirations légitimes et les appels authentiques du peuple et à chercher honnêtement à y répondre. Nous exhortons donc le gouvernement à tous les niveaux à engager les secteurs lésés de la population dans un dialogue digne d’une démocratie. Nous craignons que le déploiement de militaires au milieu d’une jeunesse déjà agitée n’augmente la nervosité populaire avec le risque d’allumer un feu qui pourrait se transformer en une conflagration incontrôlable. D’autre part, nous invitons les personnes et les groupes lésés à utiliser les moyens pacifiques inscrits dans les lois existantes pour exprimer leurs griefs ou même exercer une pression légitime sur le gouvernement. Tous doivent prendre soin d’éviter les actions et outrances susceptibles de déclencher un autre conflit armé dans le pays ou l’une de ses parties.

Nous demandons un traitement juste à ces gouvernements d’États du nord qui, par leur refus de leur délivrer des titres de propriété, dénient à certains de nos diocèses leurs droits à la propriété terrienne pour la mission. Les personnes de différentes religions ont besoin de coexister, de communiquer, et de pratiquer librement leurs religions respectives partout dans ce pays.

Par ailleurs, les autres membres de la classe politique dans toutes les branches de gouvernement doivent d’urgence réduire considérablement les dépenses indécentes de l’administration gouvernementale dans ce pays. Qu’ils le fassent au moins en signe de solidarité avec la majorité de leurs compatriotes pour qui les besoins élémentaires – nourriture, vêtements, logement, santé, énergie, éducation de qualité – sont presque devenus un rêve inaccessible.

3- ÉLEVEURS ARMÉS ET MENACE SÉCURITAIRE

Les ravages continuels causés par les éleveurs armés dans différentes régions du pays ne peuvent plus être considérés comme un simple conflit entre éleveurs et agriculteurs. Outre les destructions gratuites de fermes et de récoltes, certains de ces éleveurs armés sont connus pour avoir assiégé des villages, tuant, mutilant, kidnappant et violant. De plus, on rapporte que certains d’entre eux sont des étrangers entrés dans le pays sans contrôle de la part des autorités compétentes. Ces personnes doivent donc être considérées comme un grand danger pour notre sécurité nationale et personnelle et leurs activités traitées comme des actes de terrorisme. Nous demandons qu’une action adéquate et rapide soit entreprise et qu’il soit clair que l’on prend les moyens de stopper leurs attaques.

4- QUELQUES LUEURS DANS LES TÉNÈBRES

Avec quelques autres groupes au Nigeria, nous reconnaissons les succès modestes constatés dans la lutte contre la corruption, l’importante réduction des activités de Boko Haram et la libération de plusieurs filles de Chibok. Nous constatons le rapport positif sur la sortie progressive de notre économie de la récession. Néanmoins, nous attendons du gouvernement qu’il mette en place des politiques économiques et des stratégies qui aient un impact positif sur la vie de notre peuple, en réduisant la misère et en faisant progresser le bien-être socio-économique des citoyens.

Nous sommes tous partie prenante du projet nigérian

Nous félicitons l’immense majorité des Nigérians qui restent unis et respectueux des lois face aux nombreuses difficultés, défis et même provocations. Nous souffrons avec les victimes du terrorisme, des catastrophes naturelles des conflits et des crimes violents, et continuons à prier pour les victimes. La solidarité de nombreux Nigérians envers ceux qui ont été affectés par les récentes inondations est un signe d’espérance pour notre commune coexistence pacifique. Nous saluons également l’aide apportée aux personnes déplacées et en détresse par des diocèses et d’autres agences humanitaires. Nous appelons le gouvernement à soutenir l’Église dans le travail de réinsertion de ces personnes.

5- CONSTRUIRE LA NATION : UNE RESPONSABILITÉ COLLECTIVE

Depuis la fondation de notre pays, le Nigeria, on a porté trop d’attention au « partage du gâteau national » au détriment de la « cuisson de ce gâteau », par la construction préalable d’une nation forte et stable. La tâche de construction d’une nation est une responsabilité qui repose sur tous les citoyens du pays. Nous appelons donc tous les Nigérians à un plus grand effort en faveur du bien commun, selon les principes de subsidiarité et de solidarité. Tant les personnes que les petits groupes devraient avoir suffisamment d’espace pour leur développement si tous contribuent à la communauté.

Au-delà de la terminologie, nous croyons vraiment que la majorité des Nigérians souhaite sincèrement un véritable système fédéral de gouvernement qui améliore le bien-être de tous les citoyens. Il ne devrait pas seulement répondre aux allégations de marginalisation, mais aussi lutter de manière plus efficace contre la corruption. Néanmoins, quel que soit le système de gouvernement adopté, si nous ne sommes pas tous prêts à convertir notre cœur et à faire des sacrifices pour le bien commun, en particulier ceux qui exercent des fonctions publiques, nous ne ferons que rebattre nos problèmes sans les résoudre et sans modifier le cœur de nos tragédies nationales.

6- UNE ÉDUCATION DE QUALITÉ POUR TOUS

En tant qu’Église, nous réaffirmons notre engagement en faveur du développement intégral des citoyens du Nigeria, en particulier par l’apport d’une éducation de qualité. À cet égard, nous appelons une fois de plus tous les gouvernements des états à revenir à la tradition de collaboration Église –État pour offrir à tous nos citoyens une éducation de qualité.

Nous invitons également les ministres fédéraux et d’états et les départements d’éducation à garantir des programmes adaptés et exhaustifs pour l’étude de la religion chrétienne, de sorte que le droit de la personne à la liberté religieuse et le droit de l’Église à enseigner et propager la foi chrétienne ne soient plus enfreints. Nous condamnons fermement ce qu’on appelle Éducation pour une sexualité intégrale et les techniques douteuses de Santé maternelle, qui non seulement sont contraires à la loi divine, mais peuvent également favoriser l’immoralité. Tous ces programmes de santé devraient respecter la dignité et la sainteté de la vie humaine, toute vie humaine, de sa conception à la mort naturelle.

Nous assistons avec une grande inquiétude aux grèves dans un certain nombre de secteurs professionnels dans notre pays. Nous appelons le gouvernement fédéral à honorer tous les engagements légaux pris avec ces groupes afin de limiter les graves dommages causés à notre société.

7- ENGAGEMENT DES CHRÉTIENS DANS LA CONSTRUCTION NATIONALE

Dans notre quête du renouveau national, le rôle des chrétiens, clercs et laïcs, est fondamental. Prêtres, notre engagement au Christ dans le don total et obéissant de nous-mêmes par la prière et le service de nos frères et sœurs, nous fait grandir en sainteté en même temps qu’il contribue grandement au renouveau de notre nation. Même s’ils ne peuvent participer à une politique de partis, les clercs sont encouragés à favoriser dans la population la paix et l’harmonie basées sur la justice (cf. Canon 287). Les fidèles laïcs sont eux appelés et encouragés à rendre témoignage à l’Évangile dans leur vie privée, publique et politique. Selon les mots du pape Benoît XVI : « Une des missions des fidèles est de configurer de manière droite la vie sociale, en en respectant la légitime autonomie et en coopérant avec les autres citoyens, selon les compétences de chacun et sous leur propre responsabilité » (Deus caritas est, n° 29). Nous appelons donc instamment les fidèles laïcs à redoubler d’efforts pour porter la lumière de la Bonne Nouvelle là où eux seuls peuvent aller. Par le témoignage de leur vie, ils portent le Christ dans les activités temporelles telles que la politique, les affaires, et dans leurs engagements quotidiens (Christifideles Laici 42). Ils sont par vocation une interpellation pour les politiques gouvernementales qui nient les droits humains fondamentaux et leurs droits personnels et collectifs de chrétiens.

 8- LES MÉDIAS MODERNES POUR ALLIÉS

Nous observons que les médias modernes, en particulier les réseaux sociaux, peuvent être des moyens effectifs d’information, d’éducation et d’évangélisation. Nous remarquons cependant que, au lieu d’utiliser leurs grands avantages potentiels pour diffuser la connaissance, beaucoup, et en particulier nos jeunes, sont exposés aux aspects négatifs des réseaux sociaux, comme organes de délinquance, diffusion de discours de haine, calomnies, propagation de mensonges éhontés et désinformation. En ces temps difficiles, nous invitons la population à être plus prudente et positive dans l’usage de l’information obtenue et diffusée dans les médias modernes.

9- L’ANNÉE MARIALE – PRIER POUR LA PAIX AU NIGERIA

L’Église catholique au Nigeria a déclaré 2017 année mariale, en l’honneur du centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Fatima, au Portugal. Nous invitons tous les fidèles du Christ à participer activement à cette célébration nationale et à sa clôture solennelle prévue à Benin City du 12 au 14 octobre 2017. Durant cette célébration nous re-consacrerons le Nigeria au Cœur Immaculé de Marie. Ainsi confierons-nous le Nigeria à la Bienheureuse Vierge Marie, reine du Nigeria, en lui demandant d’intercéder en notre faveur afin de stabiliser le navire de l’État nigérian. Puisse-t-elle également nous obtenir toutes les grâces et bénédictions dont notre pays a besoin. Qu’elle prie pour nous afin que nous connaissions la paix des cœurs, l’unité et la tranquillité.

10- ACTION DE GRÂCES POUR DES ÉVÈNEMENTS DANS L’ÉGLISE

Nous marquons notre reconnaissance à Dieu pour les nominations, ordinations et installations de nouveaux évêques catholiques au Nigeria : monseigneur Donatus AKPAN, ordonné et installé évêque du diocèse d’Ogoja le 7 juillet 2017 et monseigneur Hilary DACHELEM, ordonné et installé évêque du diocèse de Bauchi le 17 août 2017. Nous les félicitons de tout cœur et les accueillons chaleureusement dans la Conférence des Évêques du Nigeria. Nous remercions Sa Sainteté le pape François pour la nomination d’un nouveau nonce apostolique au Nigeria, l’archevêque Antonio Guido FILIPAZZI. Nous lui souhaitons la bienvenue au Nigeria et prions pour que son mandat soit béni par une pastorale éclatante et une croissance spirituelle dans notre Église et le pays.
Nous remercions le Saint-Père le pape François de son intervention directe en vue d’une résolution définitive de la crise dans le diocèse d’Ahiara, qui durait depuis presque cinq ans. Nous invitons instamment tous les prêtres et fidèles du diocèse d’Ahiara à accueillir inconditionnellement le geste paternel du Saint-Père.

CONCLUSION : NOTRE ESPÉRANCE NE NOUS DÉCEVRA PAS

Nous, évêques catholiques du Nigeria, lançons ici un appel passionné à tous les chrétiens et au reste des Nigérians à ne pas perdre l’espérance. Nous serons peut-être déconcertés, mais non désemparés (cf. 2 Co 4, 8). Nous recommandons aux Nigérians de se regarder et de regarder le pays à une lumière meilleure. Les nombreuses nouvelles encourageantes ne manquent pas dans le pays au milieu des souffrances et des épreuves, du mal et du sentiment d’impuissance. Nous avons l’espoir que le Nigeria survivra aux épreuves présentes et en sortira meilleur. « Et l’espérance ne déçoit pas » (Ro 5, 5). Nous sommes tous partie prenante du projet nigérian. Nous devons donc travailler main dans la main dans une meilleure compréhension pour construire le Nigeria de nos rêves.

Nous souhaitons la bienvenue à notre président Muhammadu Buhari, de retour de son traitement médical. Nous remercions Dieu qui l’a ramené sain et sauf au pays pour continuer à travailler assidûment à l’amélioration de notre patrie.

Que Notre-Dame Reine du Nigeria continue à intercéder pour nous maintenant et toujours. Amen.

 

Monseigneur Ignatius Ayau KAIGAMA
Président CBCN
Archevêque de Jos

Monseigneur William AVENYA
Secrétaire CBCN
Évêque de Gboko

(traduction Annie Josse)

Our hope in despair…

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